Les romans antiques (Le Roman de Thèbes, le Roman d’Eneas, le Roman de Troie de Benoît de Sainte-Maure et le Roman d’Alexandre d’Alexandre de Paris) vulgarisent des récits latins pour le public du XIIe siècle. Cette « mise en roman » s’accompagne d’amplificationes d’or et de gemmes. Les ekphraseis qui jalonnent ces textes renouvellent la technique du portrait, mais aussi les descriptions de la ville, de la tente et du tombeau. Cette orfèvrerie véhicule un savoir encyclopédique, largement emprunté aux lapidaires et aux bestiaires contemporains, et participe à la translatio studii et imperii. Ces ornements fastueux proposent en filigrane un Art poétique « orfévré », qui dessine une rhétorique de la couleur par le truchement des couleurs de rhétorique. Le poète anonyme affirme progressivement son identité et revendique son art : il se peint in fine comme un orfèvre, artisan des mots.