Le corps, bien qu'individué, n'est jamais seul. C'est un pôle énergétique activé par la confrontation avec d'autres corps. La symbolique du corps se fonde sur ce principe de séparation et permet le jeu entre émotion et pensée. Le corps ne va pas de la naissance à la mort : il est sujet à un mouvement d'apparition et de disparition voluptueux ou monstrueux.
Derrière l'acharnement thérapeutique, financier, médiatique portant sur le corps, on assiste à sa banalisation systématique. Le corps fait de plus en plus le mort ignorant la consigne de réjouissance que lui adressent le marché fébrile de la spéculation et la prospection scientifique méthodique consacrée par la découverte du Viagra. Contraints à la reconstitution de la sensibilité ou de l'émotion, nous avons de plus en plus tendance à réinjecter de l'affect là où il n'y en a pas, comme si nous étions devenus sans corps. Sommes-nous sortis de l'univers de la passion ?