Pascal et la philosophie
Pascal est-il philosophe ? Les Pensées relèvent-elles de la philosophie ? Quel statut lui assignent-elles ?
Ce livre montre d'abord comment Pascal interroge la philosophie. Pascal établit l'échec des figures convoquées sous le nom de philosophies, nécessairement partielles - celui du stoïcisme, philosophie de l'orgueil, comme celui du scepticisme égologique de Montaigne, incapables de rendre raison des contrariétés de l'homme, à la fois grand et misérable -, pour libérer l'accès à la vraie religion, dont saint Augustin offre le modèle apologétique.
Puis, interrogeant principalement les grands fragments qui subsistent dans les Pensées, le livre, soutenant que Descartes ne fait pas nombre avec « les philosophies », analyse la manière dont la réflexion pascalienne part de Descartes, au double sens où elle l'a pour origine et où elle s'en sépare. Pascal fait alors usage du cartésianisme : en destituant la métaphysique du point de vue de l'ordre de la charité, en subvertissant ses concepts, en refusant les preuves de l'existence de Dieu, en réputant le moi introuvable, en faisant de l'infini une puissance d'effroi pour exhiber la disproportion de l'homme.
Ainsi le débat que mènent les Pensées requiert-il une explication à différents niveaux. L'évident masque l'important : c'est ce premier principe qui doit en régir la lecture. L'évident est le dessein apologétique ; l'important relève de la théologie ; le décisif définit l'appartenance paradoxale de Pascal à l'histoire de la philosophie en son époque cartésienne.