Laissées à l'état de fragments épars et discontinus, les Pensées de Pascal ne doivent pas être lues comme un recueil d'aphorismes, relevant de l'art de la pointe, de la sentence morale ou de la parole prophétique. Elles ont leur ordre propre qui tient à l'impossibilité d'atteindre directement leur objet, un Dieu qui se refuse à s'identifier au premier principe du discours. Cet ordre sera digressif, multipliant les points de vue sur la fin pour la montrer toujours. À la suite de Gérard Desargues, Pascal a médité sur l'art de mettre en perspective, sur la transformation optique des différents tableaux les uns dans les autres, sur la raison commune de toutes apparences. Dès lors, tout devient « figure » d'une réalité unique qui se manifeste dans la sommation de ses différentes expressions. Après avoir proposé dans Pascal, la clé du chiffre une interprétation des Pensées en leur stratégie diversifiée, nous avons voulu en donner aujourd'hui une épure, susceptible de montrer l'essentielle visée de l'ouvrage.