Pour les Français, Louis Pasteur n'est pas seulement
celui qui a inventé les vaccins, il est aussi
le père de la microbiologie. S'ils connaissent le
nom de Robert Koch, celui-ci n'évoque pour
eux que le bacille de la tuberculose. À l'inverse,
de l'autre côté du Rhin, on ne retient de Pasteur
que la découverte du vaccin contre la rage,
alors que Koch est un héros national, découvreur
des bactéries causant les maladies infectieuses
les plus meurtrières.
Une rivalité féroce a opposé ces deux savants.
Nourrie, du côté de Pasteur, par un nationalisme
exacerbé résultant de la défaite française
lors de la guerre de 1870, et, pour Koch, de
sa difficulté à s'imposer face à un savant de
vingt ans son aîné et bénéficiant d'un immense
prestige international.
Mouvementée et violente, cette opposition, qui
s'est étendue aux écoles qu'ils ont créées, n'a
pour autant pas été stérile, bien au contraire.
Elle a conduit les savants français et allemands
à se surpasser, accomplissant des oeuvres
d'une étonnante complémentarité. Grâce à
eux, la plupart des maladies infectieuses qui
décimaient jadis l'humanité ont été vaincues.