La notion contemporaine de patrimoine, élaborée au cours du second tiers
du XXe siècle, entend participer à l'intelligence collective de l'art et de l'histoire,
en même temps que contribuer à l'éducation aux valeurs - civiques, nationales,
universelles. Si elle revêt aujourd'hui le caractère de l'évidence, son invention
est le fruit d'une longue histoire, celle de l'institution de la culture.
De la Renaissance à nos jours, les configurations des patrimoines ont été le
fruit de goûts d'exigences savantes, de revendications sociales ou politiques et
d'opportunités institutionnelles et administratives. Elles ont permis le partage et
la transmission d'objets et de lieux diversement précieux, au nom d'imaginaires
collectifs successifs. Elles ont engagé des jouissances communes et répondu
à des idéaux personnels en dessinant une partie de l'espace culturel public.