Qui se cache derrière l'oeuvre de Paul Vignaux, une oeuvre dense, discrète, austère, de
haute érudition ? En tant que philosophe, normalien, agrégé, élève d'Étienne Gilson, il a
renouvelé l'approche de la philosophie médiévale, sensible à ce qu'il nommait sa «diversité
rebelle», attentif à l'écart entre philosophie et théologie, mais interprète fécond de leur
dialogue. D'une direction d'études en 1933 à la présidence de la Section des sciences
religieuses, sa présence a illustré l'École pratique des hautes études.
Mais qui connaît le rôle historique de Paul Vignaux ? - Militant à la CFTC, il participe à la
création d'un syndicat universitaire au sein de la confédération chrétienne. Celui-ci devenu
le SGEN, il le dirigera de 1949 à 1972. Lucide face à la montée du fascisme, il consacre un
livre à la guerre d'Espagne, et échappe au régime de Vichy par l'exil. De retour en France,
il défend la laïcité au sein du syndicalisme, fondant le groupe «Reconstruction» qui est à
l'origine de la déconfessionnalisation syndicale, et donc de la scission menant de la CFTC
à la CFDT.
Ce volume ne rend pas seulement un hommage justifié à une grande figure de l'École
Pratique. Il prend aussi en compte l'unité et la «diversité rebelle» du penseur, du citoyen,
du militant syndical, laïc et chrétien qu'il était tout à la fois.
On y trouvera un ouvrage inédit, La philosophie franciscaine, confisqué par la Gestapo, le
recueil de ses «Comptes rendus de conférences» à l'EPHE, ainsi qu'une bibliographie
complète des écrits de Paul et Georgette Vignaux.
Ce volume contribue à notre connaissance du médiévisme et de la philosophie française,
des évolutions du catholicisme moderne et de notre histoire politique et sociale.
Sous la direction d'Olivier Boulnois, directeur d'études à l'École pratique des hautes
études, directeur du Laboratoire d'études sur les monothéismes. Principales publications :
Duns Scot, La rigueur de la charité, Paris, Le Cerf, 1998 ; Être et Représentation, Paris,
PUF, 1999 ; Au-delà de l'image, Paris, Le Seuil, 2008.
Avec la collaboration de Jean-Robert Armogathe, directeur d'études émérite à l'École
pratique des hautes études. Dernière publication : Histoire des idées religieuses et
scientifiques dans l'Europe moderne, Turnhout, Brepols, 2012 (BEHE-SR 150).
Des contributions de : Tullio Gregory, professeur émérite à l'université de Rome,
La Sapienza ; Joseph Pinard, professeur agrégé d'histoire, ancien député du Doubs ; Jean
Jolivet, directeur d'études émérite à l'École pratique des hautes études ; Jean Lecuir,
ancien maître de conférences à l'université Paris X-Nanterre ; Alain de Libera, directeur
d'études à l'École pratique des hautes études ; Ruedi Imbach, professeur à l'université
Paris IV-Sorbonne ; Olivier Boulnois, directeur d'études à l'École pratique des hautes
études ; Zénon Kaluza, ancien directeur de recherche au CNRS ; Joël Biard, professeur à
l'université de Tours ; Jean-François Genest, ingénieur de recherche au CNRS ; Philippe
Büttgen, professeur à l'université Paris I-Panthéon-Sorbonne.