Ce livre est certainement une des plus belles biographies de Jean-Marie Vianney, curé d'Ars : biographie spirituelle, intérieure, qui n'oublie pas cependant l'histoire basée sur les sources et les travaux antérieurs les plus solides. Daniel Pezeril tente de ressaisir et de comprendre l'énergie - ou la grâce - qui a produit en plein milieu du XIXe siècle, siècle de la montée de l'indifférence et de l'anticléricalisme, du positivisme et du scientisme, ce phénomène inouï : un petit prêtre de campagne, dans un village perdu au cœur des Dombes, devient une célébrité et même l'objet d'une sorte de culte. De partout, en France et en Europe, on vient en effet à Ars voir, entendre, toucher ce prêtre infiniment maigre (il ne mange presque rien), présent pendant des heures au confessionnal, devant lequel on se bouscule et dont on sort souvent «converti» pour toujours. Le curé d'Ars - c'est le nom qui lui restera - fut considéré comme un «saint» bien avant sa mort. L'histoire a gardé de nombreux récits de miracles opérés par sa seule présence, et ses démêlés avec le «Grappin» (le Diable) sont célèbres. Mais au-delà de ces anecdotes pittoresques, D. Pezeril restitue le secret d'une personnalité religieuse sans équivalent dans les temps modernes.