« Je ne suis rien d'autre qu'un moine mendiant. On ne peut pas dire grand-chose de moi sinon que je suis un pèlerin fou qui passe sa vie à déambuler, comme les plantes aquatiques qui dérivent de rive en rive. Cela peut sembler pitoyable, pourtant je trouve la paix dans cette vie dépouillée et tranquille. »
Ainsi se présentait, dans ses journaux intimes, le poète japonais Santōka (1882- 1940), connu pour ses haïkus en vers libres. Celui dont une vie chaotique avait fait un moine mendiant s'est employé à exprimer par le haïku une « pure expérience » vécue selon les principes zen d'immédiateté, de simplicité, d'impermanence.
Alternant voyages à pied et séjours dans son ermitage, « Cochūan » (« Au beau milieu »), il a laissé sept recueils de haïku. Paysage d'herbes folles, écrit en 1936, est le quatrième.
« Il faut supporter la solitude, surmonter sa propre froideur. Il faut creuser profondément pour parvenir à savourer, au fin fond de la solitude, le goût suave de la vie qui suinte. »