Cet essai porte sur la dimension du visible questionnée dans un contexte contemporain d'espaces travaillés par les images de toutes natures. Notre quotidienneté semble être dédoublée par la présence des images (écrans, formes médiatiques, modes spectaculaires), elle en devient spéculaire et spectrale. Ainsi la société s'esthétise irrésistiblement avec la culture des apparences, le design extensif, les figures promotionnelles. L'art contemporain est un symptôme critique de cette turbulence des formes diffuses. Mais aussi l'expérience du visible s'effectue pour une grande part dans la ville où se mêlent les expressions du public et du privé, de l'architecture et des images, de la matière et de la communication, selon une confusion subtile entre ce qui est vu et l'invisible.
Les environnements visuels dans lesquels nous sommes plongés avec la culture médiatique, induisent des mutations perceptives fortes. Car un véritable paysage d'images se constitue au jour le jour, comme un processus nous enveloppant insidieusement dans une atmosphère imaginaire et effective. Il faut prendre en compte alors les dimensions phénoménales mais aussi hallucinatoires ouvrant la faille du réel, selon un mouvement d'apparition et de disparition, de présence et d'absence des formes conjuguées.
Une anthropologie du trouble est tentée afin d'appréhender de tels paysages fluctuants, de tels climats sensibles subtils, particuliers à une culture contemporaine qui se dérobe.