Les publications savantes consacrées au paysage abondent et portent sur mille aspects qu'on lui reconnaît,
mais sait-on dire foncièrement et assurément de quoi il s'agit ?
En désirant parvenir à quelque certitude, nous avons lié ici la compréhension du paysage à celle de l'«ornement»,
entendu dans son sens antique et architectural d'ordre ; car il nous apparaît que cette vertu d'ordination éclaire
d'une manière inédite et pertinente l'énigme du paysage.
En effet, l'ornement pourrait bien se confondre avec la sagesse qui s'ajoute au pays, celle qui paraît sur les tableaux
de Poussin rythmés par l'imitation de Palladio, ou dans les oeuvres du Lorrain qui progressent régulièrement
en profondeur depuis l'harmonie d'un monument, jusqu'à l'horizon portant le poids du ciel comme une colonne
reçoit une architrave.
Le paysage se donnerait pour le lieu où architecture et peinture passent l'un en l'autre, où la crise architecturale
cosmique des lumières se pressent et s'accomplit ; de telle sorte qu'au rebours de l'apparence, ne serait en question
aucune image de la nature : son absence même deviendrait éloquente.
Recueillant diverses études de théorie des arts et des lettres unis dans ce même objet de pensée, le présent ouvrage
comporte quatre parties distinctes : une définition générale de son propos, où paysage et ornement sont évalués
séparément et conjointement ; une réflexion sur l'architecture et le disegno dans leur relation à la nature et à l'espace ;
une interrogation portant sur la spécificité de la peinture de paysage, puis sur ses formes variées et sur le Land Art ;
une étude enfin de paysages littéraires spécifiques : ceux de Hoffmann, de Hugo et de Pessoa.