« Le présent volume appartient à un poète mort vers 1923 à l'âge de vingt-quatre ans. [...] Mort ? Non, assassiné selon toutes les règles de l'art [...]. J'ai survécu à celui qui est tombé à terre. Le moment n'est pas encore venu pour moi de décider si je suis le mort ou l'assassin. » Ainsi le Fondane de 1929 s'exprime-t-il dans sa préface, intitulée « Mots sauvages ». Ces poèmes, écrits entre 1917 et 1923, évoquent les paysages de sa Moldavie natale, un univers qui n'existe plus que dans sa mémoire. Fondane se penche avec une ironie tendre sur ce « paradis perdu » auquel il ne croit plus, un paradis déjà miné de l'intérieur. Comment ne pas lire le pressentiment de son destin dans ces vers ?
« Mais un soir viendra où je partirai d'ici,
sans savoir très bien où je vais ni même
si m'attend la mort putride ou la semence d'une autre vie. »