Ils sont nos grands-parents, nos arrière grands-parents ou nos
voisins... Hommes et femmes de labeur, ces paysans ont été, pendant
des siècles, le socle de nos civilisations. Le monde moderne les appelle
aujourd'hui «agriculteurs» et parle essentiellement des difficultés
qu'ils rencontrent, jusqu'à nous faire croire qu'ils ont disparu. Est-ce
réellement le cas ? Riche terre d'agriculture et d'élevage, la Normandie
est une région emblématique du monde rural à plus d'un titre. Voit-elle
la fin programmée de ses paysans ?
Si la révolution technologique a converti l'agriculteur normand en
agronome et en informaticien, en gestionnaire rompu aux bilans
comptables, la révolution par les femmes a ébranlé tout le système :
le vieil adage «une bonne ferme, une bonne femme» ne vaut plus.
Naguère occupées depuis la traite du matin jusqu'aux dernières braises
du soir, les femmes sont désormais ailleurs : à la tête d'un tiers des
exploitations, ou bien encore institutrices ou infirmières.
Dépouillés de leurs vieilles casquettes, débarrassés d'un folklore dont
beaucoup de citadins aimeraient encore les affubler, les paysans de
Normandie, nos contemporains, n'en restent pas moins des paysans
par leurs bonheurs comme par leurs inquiétudes. Ils ne manquent pas
de l'affirmer. C'est à l'histoire de cette révolution tranquille qu'Armand
Frémont nous invite dans ce livre-document.