Pêcheurs cachés dans un paysage de montagnes et de ruisseaux
Encre et couleurs sur soie, 30 x 610 cm.
Chef-d'oeuvre de vieillesse de Tang Yin, ce tableau comprend nombre de clins d'oeil à la culture lettrée classique : ainsi, la figure du pêcheur à la ligne fait penser au proverbe selon lequel « quand Jiang Taigong pêche à la ligne, seuls les poissons qui le veulent bien se font prendre à son hameçon droit » (selon la légende, ce conseiller des princes de Zhou au XIIe siècle av. J.-C. fut invité par le roi Wen de Zhou pendant qu'il pêchait à la ligne) ; l'image d'un homme contemplant des poissons du haut de sa balustrade renvoie à l'épisode du Zhuangzi où le philosophe et son ami Huizi observent un banc de poissons en se demandant si ceux-ci éprouvent du plaisir à s'ébattre dans les eaux ; et la scène présentant un enfant préparant le thé fait référence à Lu Yu, l'auteur du Classique du thé. Tous ces détails pointent les aspirations du peintre à se retirer du monde à l'instar de ces lettrés fatigués de la vie de cour.
Collines, bosquets, chaumières et personnages : chaque élément du décor, bien que croqué à grands traits, est dessiné avec aisance, netteté et précision. De même, les couleurs somptueuses, loin de nuire à l'élégance de la composition, confèrent à la scène harmonie et clarté.