Pédagogie : le devoir de résister
Plus que jamais les pédagogues sont sur la sellette. Soupçonnés de négliger la transmission des connaissances et de sacrifier les exigences éducatives sur l'autel de l'égalitarisme. Accusés de négliger les enseignements des comparaisons internationales et des neurosciences pour mieux imposer leurs méthodes aventuristes. Écartés de la formation des maîtres dont on veut faire aujourd'hui les exécutants dociles des prescriptions officielles.
Et pourtant la pédagogie n'a jamais été aussi nécessaire. Pour donner le goût d'apprendre à des enfants enrôlés de plus en plus tôt comme consommateurs compulsifs. Pour libérer nos élèves de la dépendance à l'égard de leurs prothèses technologiques et leur permettre d'accéder aux oeuvres de culture. Pour leur donner les moyens de se construire comme sujets, capables de s'engager dans des projets, de penser par eux-mêmes et de coopérer avec les autres.
Ce n'est pas le moment de baisser les bras. La pédagogie, dès lors qu'on en comprend les enjeux et l'histoire, nous rend notre pouvoir d'éduquer. Elle nous permet de résister aussi bien aux vaines songeries des nostalgiques qu'aux coups de force des scientistes. De résister, aussi, aux dérives d'une société individualiste où le culte de la concurrence apparaît de plus en plus dangereux pour notre avenir. Pour l'avenir de notre École. Pour l'avenir de notre démocratie. Pour l'avenir de notre monde.