« Ces yeux lourds, cette frange irrégulière. Bloquée derrière son bar... Serait-elle à un tournant de sa vie qu'elle est incapable de négocier ? » Quelque chose dans le portrait de Suzon, peinte par Manet en 1882, fascine Eve, serveuse dans un restaurant de Londres, qui vient la retrouver chaque mercredi à la galerie Courtauld. Le jour où elle rend son tablier après s'être fait caresser la cuisse par un client, c'est à nouveau vers Suzon qu'elle se tourne, retardant le moment de rentrer dans l'appart un peu crade qu'elle partage avec un couple. Le moment de penser à son père et à sa canette de bière, à sa mère qui les a abandonnés.
De refouler à coups de gin-tonic les souvenirs de Grace, son amie perdue... Alors qu'elle sort du musée, une annonce attire son attention : recherche modèle vivant pour cours de dessin. Eve a un loyer à payer et se lance. Les choses semblent s'améliorer - pourtant Eve continue de sombrer. Ce qui l'a menée sur un quai de gare, les pieds à quelques centimètres du drame, c'est à sa psy qu'elle le confiera.
Dans le chaos des pensées de cette narratrice à l'humour acéré, l'art, l'amour et l'amitié prennent peu à peu le dessus, conférant au premier roman de Chloë Ashby une note d'espoir et une profondeur inattendue.