Au travers des pèlerinages et des lieux saints d'Égypte, s'écrit l'histoire de la piété de tout un peuple. Depuis le XVe siècle jusqu'à maintenant, les mouleds sont des fêtes patronales annuelles célébrées au tombeau des saints coptes comme musulmans, où cohabitent expressions de piété et récréations populaires. Les pèlerinages musulmans s'organisent sur le principe des Lieux saints de La Mecque et Médine et sont fortement imprégnés de soufisme, tandis que les coptes restent fidèles aux modèles du moine - au désert - et du martyr. La culture folklorique, qui façonne encore ces pèlerinages, longtemps la seule distraction des Égyptiens, était commune aux deux confessions. Les nombreuses photographies qui illustrent l'ouvrage en témoignent. Mais, depuis la fin du XIXe siècle, le réformisme musulman puis le Renouveau copte ont élaboré une nouvelle définition restrictive du sacré. La réforme éloigne de plus en plus pèlerinages coptes et pèlerinages musulmans et censure les foires et les fêtes foraines qui les accompagnaient.