Pensée aménagiste et Improvisation
Depuis une quarantaine d'années, la pensée aménagiste moderne telle qu'issue des années 60 a tenté d'évoluer en intégrant la question environnementale. A l'origine ordonnatrice et sûre d'elle-même, elle est devenue plus modeste, plus animatrice, plus politique que technique, s'ouvrant aux procédures de participation de concertation, voire à une rhétorique de savoirs partagés, de co-production des projets, de design collectif, d'usager expert etc.... La métaphore de l'urbaniste ou de l'aménageur comme chef d'orchestre devient dès lors inopérante et même contre productive.
Ce livre propose de lui substituer la métaphore de l'improvisation musicale, en particulier, l'improvisation en jazz.
Mais, comment passer d'une vision de la planification fondamentalement ancrée dans la haine de la surprise, où le signe de l'échec ou de l'incompétence est « d'en être réduit à improviser », à une autre, structurée par l'improvisation ?
Répondre à cette question est d'autant plus urgent que la crise environnementale, plus encore le changement climatique, impose en aménagement d'agir dans l'incertitude, d'intégrer l'ignorance et la surprise comme condition de l'action. Il faut désormais « s'attendre à l'inattendu » et « penser à l'impensable ».
Déconstruisant nos évidences, tant du point de vue de l'aménagement que de l'environnement ou de l'improvisation en jazz, l'ouvrage propose une réflexion transdisciplinaire et pionnière sur les conditions à partir des quelles l'improvisation peut être un principe structurant de la pensée aménagiste. Et au coeur de ce retournement : la question des conséquences non-intentionnelles de l'action.
L'ouvrage est d'autant plus important et nécessaire qu'aujourd'hui l'idée d'improvisation commence à séduire, avec le risque évident de devenir un mot valise et un leurre en aménagement et en environnement.