Puis je m'avance vers des êtres qui ont oublié d'apprendre à lire et à écrire, tendus à refuser la langue qui pourrait révéler leur infini. Je me penche dans leur parole pour entendre à quel moment elle se déchire. Je me penche et tombe dans leur nuit jusqu'au dernier soupir de ma parole dans leur présence. J'apprends mot à mot leur langue trouée, je la recopie. J'essaie d'entendre à quel endroit l'infini cogne sur leurs tempes et comment leur souffrance invente un alphabet dont chaque signe recrache la chair de leur immense blessure. Ce qui vient me désigne comme taraudé avec eux par la même vacuité de sel et de larmes. La même lacune d'un dieu effrayé par le vide. Un bégaiement recouvre ma pensée des fleurs enivrantes du manque et ce nocturne de mains serrées sur ma poitrine dessine sur mon visage la lumière qui va me perdre un jour pour continuer de voir ma mort en face.