Dans nos sociétés, on s'interroge sur la pertinence, et donc les finalités, d'une éducation religieuse dans le cadre de l'école. La situation est variable d'un pays à l'autre et est fonction de l'état des relations entre les institutions religieuses et le pouvoir politique qui est porteur de telle ou telle idéologie en la matière. On peut toujours vouloir, par parti pris, imposer la réduction du religieux à la sphère privée, mais les faits sont là : les religions occupent à nouveau une place importante dans l'espace public, et donc à l'école.
Au-delà de ces querelles sur la fonction de la religion dans la vie d'une société, c'est une profonde mutation culturelle qui interroge de l'intérieur l'éducation religieuse, qu'elle prenne la forme d'une initiation, d'un cours, d'une recherche de sens ou d'un travail sur les options de vie. Ce qui affecte au quotidien le cours de religion, c'est l'hétérogénéité, en termes de vécu biographique, de ses destinataires. Cela s'explique par l'inversion du rapport à la vérité. Au lieu que le sujet s'inscrive petit à petit dans une tradition commune qui le précède, c'est aujourd'hui le sujet qui se construit une tradition et donc une vérité de vie.
Quelle est encore dans un groupe, une classe, la base d'expérience commune sur laquelle construire ensemble une démarche ? Sommes-nous condamnés à l'individualisation et à la fragmentation des parcours d'apprentissage ? Cela questionne la possibilité même d'une éducation religieuse dans le cadre scolaire où on progresse nécessairement en groupe-classe. Est-il possible, et à quelles conditions, de poursuivre à l'école une tâche qui nécessite un tel accompagnement personnalisé ? Ou bien est-on acculé à modifier les objectifs et le contenu du cours de religion ? Bref, assurer une éducation religieuse, avec l'impact existentiel que cela implique, est-ce encore pertinent à l'école ? D'autre part, est-il possible de concilier confessionnalité et pluralisme ?