En relations internationales, le constructivisme désigne le courant qui insiste sur le caractère malléable et non naturel des relations entre unités politiques. Ainsi, les conflits entre Etats ne dépendent pas exclusivement de leur position géographique ou de leur puissance mais aussi de leurs identités respectives. Une puissance civile comme la RFA n'avait pas les mêmes intérêts sécuritaires qu'une puissance « virile » comme l'Allemagne nazie. Les constructivistes postulent aussi que les identités des nations se forment et se transforment dans les interactions. La stigmatisation d'un acteur (Corée du Nord, Iran) entraîne sa radicalisation.
Ces postulats ont des implications majeures pour l'étude des origines de la guerre. Les hypothèses traditionnelles dans l'explication de la violence internationale - la guerre pour la sécurité et la guerre pour le profit - ne sont pas nécessairement les plus pertinentes. Contrairement à de telles visions matérialistes de la rationalité humaine, cet ouvrage réexamine les origines de la guerre sous l'angle de la « reconnaissance ». Celle-ci peut être définie comme le désir d'obtenir la confirmation d'une identité et d'une image valorisée de soi auprès des autres.
Cette perspective de la guerre pour l'affirmation identitaire permet de poser de nouvelles questions à l'égard de l'éclosion des conflits armés. Quel est le rôle des identités et des normes dans le déclenchement des guerres ? La violence est-t-elle générée par des comportements de stigmatisation ?