Penser la Nation
Mémoire et imaginaire en révolutions
Ce n'est pas le seul édifice social que la Révolution de 1789 a jeté à bas : la volonté refondatrice s'affiche jusque dans le calendrier, où la proclamation de l'An I installe la gestion de l'héritage mémoriel au coeur des enjeux symboliques qu'affronte alors la nation en construction, imposant d'emblée d'inventer de nouveaux rapports qui permettent d'ouvrir des perspectives d'avenir.
Quande le sujet se mue en citoyen et que l'abolition des droits féodaux sape les bases sur lesquels reposaient depuis des siècles l'édifice social et l'identité individuelle, définitivement refondée par l'égalité des droits, alors, avec l'effondrement des repères et l'aboutissement de la longue mise en cause des valeurs reçues, dans la tension extrême entre l'individu et la collectivité, penser la nation passe par une recomposition sans précédent de l'ensemble des référents, qui puise dans l'histoire les chaînes mémorielles capables de fournir des modèles propres à structurer une nouvelle identité collective - pour ne pas parler d'identité nationale -, résolument fondatrice et valorisante, sans laquelle aucune reconstruction n'est pensable