Cet essai a été publié pour la première fois il y a vingt
ans. Aujourd'hui, son actualité se trouve renforcée avec
la montée des préoccupations écologiques. En effet
son auteur, Jean Viard, pose que la place de la nature,
telle que nous la vivons aujourd'hui, doit être pensée
comme invention historique dans une civilisation
qui l'avait jusque-là tenue à l'écart pour valoriser sa
propre créativité humaine. La nature avait été mise à
distance, éloignée du cercle des fidèles, rejetée dans nos
propres corps - et en particulier dans celui des femmes,
éternelles sorcières. Dans cette perspective, la rupture
protestante est majeure. Le temple se vide des oeuvres
de l'homme : ce sont les beaux arbres, les sources, les
rivières... qui incarnent désormais la Création.
On peut alors parler de retour de la nature dans le
champ social, ou de son introduction dans la culture
moderne. Comme de son introduction entre la ville et la
campagne, tiers espace qui construit peu à peu son territoire
propre - parcs, réserves, jardins - et nous amène
à repenser la place de l'homme dans la nature même.