Depuis les années 1980, un nouveau type d'organisation économique
s'est imposé à nos sociétés, porté par les idéologies et les politiques
néolibérales, soutenu par la mondialisation : le néocapitalisme.
Si de nombreux travaux ont examiné les causes et les effets d'une
telle mutation, Stéphane Haber propose une enquête critique plus
générale sur les concepts et les hypothèses guidant l'analyse des
formes et des forces à l'oeuvre dans la phase actuelle du capitalisme
: quels sont les traits spécifiques du néocapitalisme ? Quelle
ontologie sociale se trouve impliquée dans la mise en évidence de
ses tendances propres ? Sur quelles bases peut s'appuyer la critique
de ce néocapitalisme ? En fin de compte, l'ambition de dépasser le
capitalisme reste-t-elle légitime ?
Toutes ces questions travaillent profondément la théorie sociale
contemporaine. Il s'agit ici de prouver, pour renouveler la philosophie
politique, que la stratégie théorique la plus féconde consiste
à comprendre le capitalisme et le néocapitalisme en fonction du
modèle des puissances aliénées, détachées de la vie et poursuivant
aveuglément leur propre expansion. Mais, bien que ces puissances
réclament et obtiennent de nombreuses complicités du côté de la vie,
elles ne forment pas encore un système absolu qui ne laisserait plus
aucune place à l'action et à la liberté.