Les oeuvres d'art ne nous intéressent pas seulement en raison de leur valeur historique et artistique, mais aussi parce qu'elles ont pour ainsi dire une seconde histoire, celle de leur accession à un statut patrimonial. C'est cette histoire que l'historien de l'art se propose d'étudier.
Dans la mesure où il procède à un transfert qui fait passer l'objet de sa destination cultuelle ou fonctionnelle primitive à une nouvelle vie, à la fois aux plans esthétique et historique, le musée constitue une mise en scène et un dispositif parfaitement réglés.
À travers une série d'études ponctuelles, Roland Recht analyse les changements qui affectent notre relation aux objets esthétiques, depuis l'Élysée d'Alexandre Lenoir jusqu'au Grand Louvre ouvert en 1993. Il s'intéresse à ce moment décisif où l'oeuvre d'art et le monument qui l'abrite se trouvent sacralisés.
L'auteur examine quelques cas de « réhabilitations », comme celle des primitifs ou de l'art roman, et montre ainsi comment l'histoire de l'art construit ses objets. Il s'interroge enfin sur la redoutable mutation qui gagne aujourd'hui les grandes institutions patrimoniales et sur les effets néfastes qu'elle exerce sur la vie de l'esprit.
Cette nouvelle édition d'un livre qui fit date s'enrichit de trois études consacrées au rôle joué par Prosper Mérimée et par Viollet-le-Duc dans le sauvetage du patrimoine monumental.