Comment reconstruire la réflexion économique après la crise
de 2007 et la débâcle d'une «science» aux ordres de la finance ?
En quoi la lecture de Keynes peut-elle nous y aider ?
S'appuyant largement sur ses écrits, Paul Jorion nous rappelle
le destin hors du commun de John Maynard Keynes : pur produit
de Cambridge et de sa culture scolastique, proche de Virginia
Woolf et du cercle littéraire de Bloomsbury, il a certes produit
une oeuvre immense, mais il fut aussi pleinement homme d'action
et homme d'État.
De cette lecture réfléchie de son oeuvre que pouvons-nous tirer ?
D'abord, un scepticisme salutaire concernant l'usage des
mathématiques et des statistiques en économie. Ensuite, Keynes
dénonça très tôt les méfaits du capitalisme et d'une fausse
rationalité, destructrice de l'ordre social. Rebâtir avec lui, c'est
admettre qu'il n'y a pas de solution purement économique aux
problèmes de société et que la science économique n'aurait jamais
dû cesser d'être, dès la fin du XIXe siècle, une économie politique.
Pointant les aspects révolutionnaires mais aussi les zones d'ombre
d'une oeuvre foisonnante, Paul Jorion restitue ce qui nous la rend
tellement stimulante pour penser notre époque.