Perceforest est une vaste fresque dont les six livres, se posant en cronicque, racontent la préhistoire du Graal en réunissant les gestes d’Alexandre et d’Arthur dans un univers où la féerie sert d’intermédiaire entre le paganisme et le christianisme. La datation de ce roman anonyme au XIVe siècle, couramment admise, pose de nombreux problèmes: certains épisodes renvoient au XVe siècle, tous les manuscrits conservés sont en relation, plus ou moins directe, avec le monde bourguignon de Philippe le Bon. Montrant que d’une part aucun des arguments en faveur d’une datation au XIVe siècle n’est décisif, et analysant tout ce qui dans le roman pourrait renvoyer à la Bourgogne des années 1450, Christine Ferlampin-Acher propose l’hypothèse d’un Perceforest centré sur un enjeu idéologique fort, le refus des unions hybrides, entre humain et esprit, éclairé en particulier par le fascinant luiton Zéphir, et écrit par David Aubert dans le contexte de la vauderie d’Arras et tentant d’élaborer une « mythologie » bourguignonne, en support aux ambitions politiques de Philippe le Bon.