Permissionnaires
dans la Grande Guerre
Quand la guerre commence, en août 1914, personne
n'imagine laisser les combattants rentrer chez eux avant la
victoire. Avec le prolongement du conflit, moral et certitudes
vacillent : la question de l'endurance des populations se pose
avec force dans une guerre qui devient totale.
À partir de 1915, quelques jours de permission à l'arrière
permettent aux combattants d'échapper aux tranchées et
aux horreurs de la guerre. Moment d'émotion familiale et de
retrouvailles amoureuses, la permission est aussi un temps
de distractions dans un Paris où le contraste avec le front est
saisissant.
Commis voyageur du front à l'arrière, le permissionnaire
vient rappeler aux civils le sacrifice combattant et devient
une figure-clé des représentations du temps de guerre.
Dans une approche globale et neuve des sociétés durant la
Grande Guerre, Emmanuelle Cronier embrasse d'un même
regard les aspects militaires et logistiques, la culture politique
républicaine, l'intimité des familles et des couples, le quotidien des permissionnaires et les multiples transgressions
indissociables de la figure du « poilu » à l'arrière.