Krystian Lupa, reconnu en Europe pour ses spectacles d'une exigence
extrême, se penche sur des personnages extraordinaires, en essayant
de comprendre d'où vient leur lumière et comment coexistent en eux la
grandeur et la superficialité. Sur le principe du monologue intérieur, la
langue est délibérément déconstruite, morcelée, presque désordonnée
et comme en suspens, et le texte semble ainsi s'écrire sous nos yeux.
Hourris par les improvisations des acteurs et leurs confrontations avec
leurs personnages, les textes de cette trilogie sont aussi un témoignage
précieux, en actes, sur la méthode et le travail du metteur en scène
polonais.
Dans ces trois pièces, il mêle fiction et réalité, remodèle les mythes et
déplace les horizons d'attente. Dans Factory 2, Lupa retrace deux
journées de la Factory new yorkaise et réanime quelques figures légendaires
de ce groupe d'artistes avant-gardiste constitué autour d'Andy
Warhol. L'auteur évince en grande partie les détails biographiques sur
le pionnier du Pop Art, et soulève plutôt des questionnements sur l'art,
son rôle et son utilité, il jette une passerelle entre les utopies des
années soixante et les désenchantements du présent. Dans les deux
autres pièces, Lupa met en scène deux figures antinomiques : Marilyn
Monroe, icône de la sensualité exacerbée dont il interroge la quête
spirituelle, et la philosophe et mystique Simone Weil qu'il aborde, elle,
sous l'angle de son rapport complexe au corps.