- Alors, les pervers ?
- Mais non, pas des «pervers», pas des «méchants»... disons, des fanatiques de la vraie loi, des constructeurs de Dieu qui supportent mal son absence...
- Et ils en font quoi de cette absence ?
- Peu importe : du fétiche, des bombes, du flash toxico, de l'élan mystique, du lien sado-maso...
- Encore Sade ?
- Mais oui, lui, Freud, Lacan, et d'autres saints...
- Et la drogue là-dedans ?
- C'est la forme la plus aiguë d'un lien qu'on cherche et qu'on se crée de toutes pièces : on se drogue pour être lié à mort au petit Dieu qu'on devient. Le fanatisme affectif...
- Le terrorisme ?
- Notre société a les saints qu'elle mérite, qui l'irritent... Ils sont la peur qu'elle a d'elle-même.
- Mais alors, l'étude des «perversions», ça peut mener loin ?
- Oui : à mettre en cause, et par des biais inattendus, toutes nos quêtes de vrais liens... le fait de n'être lié qu'à soi, bref, toute cette culture, ses déprimes et ses malaises...