La sélection naturelle pour nouveau théâtre conceptuel, la
pensée se définirait-elle dans un sens purement biologique,
comme le rapport adaptatif qui lie l'espèce et l'individu à leur
milieu ? Interface entre l'expérience sensible et les liaisons que
le cerveau combine, la pensée serait-elle ce singulier produit de
son face-à-face avec la vie ? Et si entre le corps et le dehors, il y
a la pensée qui pense leur rapport, n'est-ce pas à considérer
l'intellection de cette relation comme la nécessité à laquelle se
conformer en s'inventant dans cet intervalle particulier ? Dès
lors, que serait «penser» sinon cette disposition à mettre en
scène le rapport entre soi et le monde ?
La pensée s'est conçue à la vie en la concevant, anthropomorphismes
et anthropocentrismes sont donc les suites naturelles
de notre processus évolutif. La pertinence de cet essai est
bien de disséquer la pensée à l'endroit de la vie qu'elle fonde en
idées et ainsi rejouer l'invention permanente de la pensée en
évolution, à travers nos conceptions du monde enfantées par les
sciences et la philosophie, de l'émergence du phénomène
humain à notre contemporanéité.