Avec les pontificats de Jean-Paul II et Benoît XVI, l'Église
serait-elle atteinte d'une maladie inédite : la «traditionnite»
? Tel est en tout cas le diagnostic implacable
que fait Hans Küng.
Extérieurement, l'Église catholique est affectée par une crise sans
précédent en Europe : absence de prêtres, départ massif de fidèles,
absence de toute réforme du gouvernement romain, scandale
de la pédophilie, rigorisme moral insupportable, autoritarisme,
restauration anté-conciliaire qui se dessine, traditionalisme liturgique,
oecuménisme défaillant. Küng va aux causes profondes et
lointaines de cette débâcle : un système romain - de puissance, de
fermeture, d'arrogance - a fait son temps. Juridisme, cléricalisme,
système de gouvernement médiéval, mentalité de croisade, méfiance
envers la sexualité humaine, refus de toute réforme, mépris de la
science aujourd'hui comme hier, refus de la démocratie - réservée
aux autres -, goût du secret, haine du moderne, autocélébration
et autoconservation internes qui se refusent à toute autocritique
véritable : n'en jetez plus ! Hans Küng propose aussi toute une
série de remèdes, car le mal ne lui paraît pas (encore) mortel, pour
«guérir» l'Église catholique : des réformes pour être plus fidèle à
l'Évangile, et non pour faire plaisir à l'esprit du temps.