« On peut bien dire qu’on est malheureux, mais on ne peut pas dire le malheur. Il n’y a pas de malheur dans le mot malheureux. Tous les mots sont secs. Ils restent au bord des larmes. Le malheur est toujours un secret. »
Le 7 février 1994, Camille Laurens met au monde un fils nommé Philippe. Le lendemain, elle assiste à son enterrement. Philippe est mort deux heures après sa naissance par la négligence du médecin qui l’a accouché. Par son arrogance, surtout. C’est ce malheur et cette inhumanité, mais aussi l’indélicatesse de certains proches, que l’auteur raconte dans ce magnifique récit. Au cours de quatre chapitres, « Souffrir », « Comprendre », « Vivre » et « Écrire », elle décrit le temps écoulé de la douleur à l’écriture, avec une ironie grave, une intense clairvoyance. Au fil des pages se compose un livre pour voir, pour comprendre, pour rendre justice, pour s’armer de mots, pour dire son amour, pour crier, pour pleurer, pour ne pas oublier Philippe.