Si l’on reconnaît que la métaphore n’est pas un simple ornement du langage et que l’histoire de la pensée philosophique et scientifique s’est nouée autour de certaines « métaphores directrices » et de leurs changements de sens, il faut réviser notre image habituelle des rapports entre rhétorique et pensée conceptuelle, parcourir à nouveaux frais le cours de notre tradition et envisager autrement la succession des grandes métaphysiques. À cet égard, la pensée de Hans Blumenberg offre des instruments essentiels. Anselm Haverkamp et Jean-Claude Monod se sont attachés tout à la fois à éditer, situer et commenter les travaux de Blumenberg, tout en leur donnant des prolongements personnels. Ces prolongements et développements ne concernent pas seulement la réflexion sur la « métaphore absolue », telle que la « métaphorologie » de Blumenberg l’a illustrée, mais aussi l’histoire de la rhétorique et de la poétique, les moyens d’expression de la philosophie, les limites de la phénoménologie et les impasses de « l’histoire de l’être » heideggérienne, la portée anthropologique du mythe, les transformations de la mimèsis. Sont ici rassemblées des contributions de deux philosophes qui, l’un et l’autre, ont « pensé avec » Blumenberg.