« Il faut transporter la philosophie dans la médecine et la médecine dans la philosophie », lit-on dans un traité de la collection hippocratique. Transporter la philosophie dans la médecine signifie faire sortir la médecine de l’empirisme, la rendre rationnelle et scientifique. Transporter la médecine dans la philosophie : la médecine naît d’une demande de soin. Il n’y a pas un gouffre entre ce qui est (le réel) et ce qui doit être (l’idéal) : ce qui est, le nouveau-né qui crie, appelle ce qui doit être. Répondre à la demande de soins par une médecine rationnelle, responsable, c’est adopter une position philosophique. Être médecin n’est pas neutre philosophiquement. La philosophie implicite de l’acte médical peut se résumer en trois affirmations : (1) il y a du mal (toute une métaphysique) ; (2) il faut y porter remède (toute une morale) ; (3) les efforts pour y porter remède sont dérisoires (ironie socratique), mais cela n’empêche pas de les continuer, pour l’honneur.