Philosophie du rock
Les sciences humaines étudient le rock comme un nouveau genre musical dont l'explication devrait être sociologique. Elles nous parlent de jeunes révoltés écoutant Jimi Hendrix à Woodstock ou de l'antiracisme des fans de U2 ; elles décrivent l'ambiance « sex, drugs and rock'n roll » des grands concerts. Ce livre est très différent. Il ne relève ni de la critique musicale ni de la sociologie de l'art. Il porte sur la nature des oeuvres musicales rock. Elles sont constituées par des enregistrements et faites en studio pour une diffusion de masse. - Quoi, le rock n'est pas avant tout une musique live ? - Non. Car l'oeuvre musicale rock est essentiellement une certaine sorte d'artefact, un enregistrement, conçu pour être aisément disponible, grâce aux moyens techniques que furent le disque ou la bande magnétique, et que sont le CD ou le fichier informatique. Ce livre propose ainsi une ontologie et une métaphysique de ces choses ordinaires, les oeuvres musicales rock, contenues dans les objets familiers : les CD ou les lecteurs mp3. Il révèle aussi la finalité de cette ubiquité des oeuvres de rock : nous gérons nos émotions en nous passant un CD ou en écoutant notre ipod, en voiture, dans le métro, en travaillant, en dînant, etc. Cette disponibilité de l'oeuvre de rock est la conséquence de son mode d'existence. Seule une philosophie conçue comme une ontologie pouvait nous l'apprendre.