Philosophie du vieillir
Existence et temporalité dans la pensée antique
La vieillesse apparaît avec une espèce d'évidence énigmatique. Être vieux, c'est vivre dans la certitude que le véritable après se fera sans vous. Pour autant, vieillir n'est pas seulement passer de la maturité à un âge qu'on dit avancé, mais commencer, à un moment par nature insaisissable, à devenir autre en continuant à devenir soi. La vieillesse s'est ainsi imposée à l'observation des hommes dès les premiers temps de la Grèce, d'abord dans une anthropologie fondée sur le regard des dramaturges, des poètes et des acteurs de la cité, puis sur la science naissante et sur le premier discours médical, avant que la philosophie, avec Platon, disciple du septuagénaire Socrate, y découvre un poste avancé de l'existence, où se croisent la vie, la mort et le temps. De cette rencontre du chant du cygne et de l'oiseau de Minerve naîtra une éthique de l'existence ultime dont la modernité, si ardente à prolonger la vie, éprouve chaque jour le besoin.