Philosophie non-standard
Le calcul dispose de l'ordinateur pour amplifier son action. La pensée, elle, ne dispose que de cette machine artisanale devenue stérile à force de répétitions, la philosophie, faite pour des savoirs anciens et que l'on tente d'adapter par bricolage et rafistolage. A bout de souffle elle se livre à la machine médiatique et communicationnelle qui est la vraie compossibilité de notre temps.
Nous renonçons à affirmer une nouvelle fois la pertinence de cette philosophie standard, nous cherchons une technologie qui lui soit non pas le double mais l'équivalent de ce que l'ordinateur a été pour le calcul, amplifiante et peut-être inventive. Dans l'esprit initial de la non-philosophie, nous construisons une « matrice », une enceinte d'expérimentation sur le modèle d'un collisionneur physique destiné ici à traiter des particules de savoir de toute nature, dont le philosophique. Et nous introduisons dans cette matérialité des manières de raisonner prises de la pensée quantique dont nous extrayons le noyau rationnel, le quantiel plutôt que le logiciel. Ce n'est donc pas à coup sûr un livre de physique. La philosophie est sans doute un corps ou un matériau à transformer, mais comme moyen à mettre au service de la défense des humains. Il reprend mais avec des modèles scientifiques contemporains la tradition des collisionneurs imaginaires ou des cornets à dés (cogito, imagination transcendantale, éternel retour, chaudron nietzschéen, chaos, etc.) pour leur donner une destination générique. La philosophie cesse de se mirer stérilement dans les miroirs du sens, du langage ou de la mathématique, d'être une machine à produire des énoncés autoritaires.
Un collisionneur pour une philosophie non-standard ? Il reste à décider si c'est là une invention viable. C'est au moins une philo-fiction.