Pour Leopardi la réalisation de ce qui est juste dans ce monde exécrable n’est pas seulement quelque chose d’héroïque, mais requiert conscience et sagacité, habileté et curiosité. Ce sont ces expériences intrépides, avec le “monde” explosif, qui rendent sa pensée si attachante. Elle prendra la forme d’un oracle manuel, un art de prudence pour rebelles. En effet son moralisme strident et destructif fait penser à Gracián plus qu’à tout autre. Mais ce que Leopardi a su tirer de lui-même dans la solitude de Recanati et de Florence n’a pas le calme et la plénitude que Gracián doit à la vie de cour. Certaines de ces pensées conservent l’accent d’une maturité précoce. Mais en contrepartie, elles sont émaillées de lueurs de cette jeunesse solitaire et de citations tristes d’auteurs anciens, souv