La relation entre photographie et altérité pourrait se caractériser par
un empêchement : l'impossibilité faite au médium d'atteindre son objet.
Car autrui se présente à la fois comme surface et profondeur, visible et
invisible, intériorité et extériorité. Il confronte la photographie à des
dimensions existentielles et temporelles qui la dépassent. Alors, un
changement de paradigme est nécessaire : l'abandon de toute idée de
séparation au bénéfice de celle d'«inter».
C'est à partir des travaux de Marc Pataut, principal acteur depuis
les années 1990 d'une photographie reposant sur des processus
dialogiques, que la réflexion va être menée.
Confrontée à une altérité qui à la fois se donne et se retire, apparaît
et se voile, reste la même tout en étant toujours autre, la photographie
n'est-elle pas condamnée à manquer irrémédiablement son objet ?
En quoi peut-elle mettre spécifiquement en oeuvre une relation
métaphysique à l'extériorité ? En d'autres termes, à l'inverse d'une
prise, le processus photographique pourrait-il s'ouvrir à la surprise et
être productif d'une altérité ?