Man Ray souhaitait disposer d'un appareil qui enregistrerait les rêves. Bien des fois envisagés comme matériaux, ils ne cessent de fasciner, parce qu'ils échappent à celui qui en est tout à la fois l'objet, le témoin, l'acteur et le transcripteur.
Dans Photos-impressions, j'ai tenté de restituer des scènes à jamais disparues, comme fait l'archéologue qui, à partir de débris, établit la forme d'une poterie, d'un squelette. Ces rêves émergent en flux ou en proférations, dans un mélange d'émotions et de lieux communs.
Hervey de Saint-Denys, qui fut professeur au Collège de France, disait, dans Les Rêves et les moyens de les diriger, que « par l'activité onirique, la mémoire emmagasine à l'infini des clichés-souvenirs ».
Ces rêves empruntent souvent des formes de scénarios. Ils traduisent des impressions, des atmosphères difficiles à transcrire, parce diffuses, presque impalpables, formant des proférations qui émergent dans le sommeil. La profusion d'images et de paroles que je perçois encore au moment où je m'éveille, garde intact un mélange d'émotions et de lieux communs. Y émergent des terreurs que j'avais enfouies, oubliant qu'elles m'habitent à tout moment.
D. G.