Dernier des classiques ? premier des romantiques ? André Chénier (1762-1794) fut avant tout un jeune homme pleinement inséré dans son époque, fou de poésie, tête chaude et coeur bouillant, surtout préoccupé de chanter, de mettre sa Muse à l'essai, dans les différentes voies que l'esthétique ambiante offrait à son talent. Les études ici rassemblées visent à restituer l'idée qu'il se faisait de lui-même et de son art, loin des poétiques réglementées.
Victor Hugo distinguera les quatre vents de l'esprit : le satirique, le dramatique, le lyrique et l'épique. Au temps de Louis XVI, alors que le sensualisme régente les arts, il faudrait parler de souffles de l'âme. Plutôt que de genres il s'agit chez André Chénier de registres ou de styles, au sens musical du terme ; le lecteur traversera successivement le didactique, le pastoral, l'épique et le satirique. Avec l'« état présent » et l'étude de la réception du poète en son devenir, l'ensemble forme une série d'approches propres à définir la physionomie d'une oeuvre, selon un terme cher à son auteur qui disait : « Les ouvrages ont une physionomie : ils font connaître non seulement les humeurs et le caractère, mais même la figure ».