L'oeuvre dramatique de Hanokh Levin est indissociable d'une critique acerbe
de la réalité politique, sociale et culturelle de l'État d'Israël. Avec une perspicacité
peu commune, Levin n'a cessé de mettre en garde ses concitoyens contre les
conséquences délétères d'une occupation prolongée des territoires conquis. Son
engagement politique, exprimé à travers le théâtre au lendemain de la guerre de
1967, ne cessera d'évoluer, de pair avec son écriture dramatique.
C'est avec le cabaret satirique qu'il fait ses premières armes sur la scène.
Puisant dans les références culturelles du peuple juif et dans la mémoire collective
d'Israël, Levin brocarde la notion de «guerre juste» et s'en prend aux valeurs que
le pays, plongé dans un conflit apparemment sans fin, est venu à tenir pour
sacrées : la force, l'héroïsme, le sacrifice. Les extraits de satires présentés ici
témoignent d'un humour mordant et d'une critique sans concession des vainqueurs.
Shitz, montée en 1975 en réaction à la guerre de 1973, est une farce grotesque
qui retrace la résistible ascension de Peltz, un arriviste qui pense pouvoir
s'enrichir grâce à la guerre.
Les Femmes de Troie, écrite en 1984 alors qu'Israël poursuit son intervention
au Liban, est une tragédie moderne. Tout comme Euripide, dont il s'inspire,
Levin se place du côté des vaincus et dénonce l'inanité de la guerre.
Meurtre, créée en 1997, a pour toile de fond la première Intifada, l'assassinat
du Premier ministre Itzhak Rabin et l'échec annoncé des accords d'Oslo. En trois
actes, espacés dans le temps, Levin dissèque l'impitoyable engrenage de la
violence.