1506, naissance de Pierre Favre ;
1517, Luther et les indulgences ;
1546, mort de Pierre Favre.
Les quarante ans de la vie du bienheureux font de lui l'exact contemporain de la brisure du rêve humaniste d'Érasme par la protestation sans compromis de Luther. Il vit ce drame dans toute sa complexité et n'y trouve une issue qu'en mettant ses pas dans ceux du converti de Loyola et de Manrèse. De là sa compréhension aiguë du problème spirituel de son époque, tant du point de vue catholique que du point de vue réformé. De là sa compréhension exemplaire des Exercices spirituels d'Ignace, à la rédaction latine desquels il a collaboré. De là sa maîtrise du discernement des esprits.
Pierre Favre, un portrait propose au lecteur de se poster devant les écrits qui nous restent du Savoyard : sa Correspondance, en son double volet d'affaires et de direction spirituelle, et le Mémorial de ses désirs et de ses bonnes pensées, exactement comme devant l'effigie la plus authentique qui nous soit restée de lui. Ainsi est refusée toute entrée par quelque effraction psychologique que ce soit dans son mystère. Ainsi est offerte la possibilité de se laisser questionner par l'expression d'une pensée aussi douce et pointue que le regard en vis-à-vis. Par quelle intelligence du monde, de l'homme, de Dieu, Pierre Favre a-t-il pu contraindre la violence des choses à s'apaiser dans cette oeuvre commune et fraternelle : fonder la Compagnie et ses missions ? Et cela en seulement quarante ans de vie, dix ans de ministère ?