Les 104 verrières de l'abbatiale Sainte-Foy de Conques oeuvrées par Pierre Soulages sont le fruit d'une longue aventure créatrice traversée de questions esthétiques, spirituelles et technologiques. Quelle lumière des vitraux inventer, aujourd'hui, qui soit capable de servir cette architecture romane millénaire ? Comment l'artiste en arrive-t-il à créer un verre blanc mais translucide, « émetteur » de la clarté qui l'ensemence et opérateur d'une « transmutation » de la lumière qu'il réceptionne ? Comment aussi, par les tracés souples des lignes de plomb, par leur mouvement d'allégresse sobre et d'élévation, magnifier encore et vivifier les luminescences du vitrail ? L'artiste enfin invente un vitrail « biface » où se révèlent, au fil du jour, les variations chromatiques de la lumière naturelle, et en particulier leur nuancier entre les pôles du bleuté et de l'orangé. Les vitraux de Pierre Soulages expriment ainsi le passage du temps ; mais, plus globalement, leur nature « physique » est un tremplin pour une expérience poétique, une méditation d'ordre métaphysique. Soit une lumière qui, selon les mots de l'artiste, « propose de la contemplation, du silence, de la concentration, de l'intériorité ».