En 1957, dans une église à Méziara, petit village du Nord du Liban, un massacre fut perpétré, faisant une centaine de victimes. C'était une vendetta entre familles chrétiennes, comme celles qui ont lieu ailleurs en Méditerranée, en Sicile ou en Corse.
Jabbour Douaihy s'empare de cet événement pour explorer les sources de la violence qui ensanglante le Liban depuis des siècles. Son personnage principal, Iliyya Kfouri, était un enfant en bas âge quand son père a trouvé la mort au cours d'une tuerie commise à Bourj al-Hawa, village qui ressemble fort à Méziara. Afin de le protéger des rumeurs et des quolibets, sa mère l'envoie chez ses proches, émigrés aux Etats-Unis, et se cloître chez elle. Loin de son pays, considéré par les autres et se considérant lui-même comme un bâtard, Iliyya passe son temps à inventer des histoires sur ses origines avant de se décider, quelques années plus tard, à rentrer au Liban à la recherche de son identité. Plusieurs personnes lui racontent alors le massacre, chacun sous un angle différent. Le narrateur lui-même intervient parfois pour expliquer le contexte social ou pour préciser un fait historique...
Doté d'une construction rigoureuse, Pluie de juin réussit le pari de recueillir les angoisses de toute une société sans jamais tomber dans la complaisance. Il a été unanimement salué à sa parution et nominé en 2008 pour le Prix international du roman arabe.