Poèmes de cuisine est affaire d'investissement.
Celui d'un auteur dans son premier livre, publié en Angleterre en 1968. Celui d'un traducteur qui, sept ans plus tard, entra pleinement en possession de ces poèmes, jusqu'à y imprimer son vocabulaire et ses préoccupations syntaxiques.
Il est aussi question du crédit que nous accordons aux marchandises, aux noms et aux idoles, et comment celui-ci nous aliène. Car Poèmes de cuisine est une puissante analyse d'économie politique. Comment et à quoi se river lorsque produits, noms ou individus sont devenus interchangeables ?
C'est par une autre forme d'investissement, celui du poème et de sa mesure lyrique, que se découvre une capacité de résistance contre la dérive de la valeur d'échange. Investissement, par conséquent, de l'auteur lorsqu'il décide en dépit de la faillite de faire usage de son libre-arbitre pour fixer ses transferts, les objets privilégiés de son affection.
Enfin, il est question d'habitude, de manteau, de soie et de toutes les étoffes dont nous nous parons.