Poèmes de prison
C'est sur du papier hygiénique, des serviettes en papier qu'elle écrit ses poèmes, incarcérée dans les plus dures prisons d'Iran.
Son seul crime est d'avoir une foi qui prône l'égalité des droits des femmes et des hommes, le droit à l'éducation, à l'accord entre la science et la religion, à la recherche indépendante de la vérité.
Mahvash Sabet fut arrêtée en 2008, et finalement accusée et condamnée en 2010, avec six de ses compagnons, à vingt ans d'emprisonnement pour seul motif d'être baha'ie.
Ses poèmes ne sont pas pour autant lugubres ou désespérés, mais bien le reflet d'une force de vie, d'une fraîcheur qui contraste avec le monde nauséabond dans lequel elle vit.
Elle écrit des poèmes pour tenir debout, une façon de parfumer son pain quotidien au goût de camphre, pour s'exprimer quand il faut se taire, parler quand personne ne l'écoute.
Adaptés du persan par Bahiyyih Nakhjavani et traduits de l'anglais par Mary et François Petit avec l'aide de Martine Caillard, ces poèmes témoignent du courage et du désespoir, de la misère et des espoirs de milliers d'iraniens luttant pour survivre aux conditions d'extrême oppression.
Je redoute ce moment
où la patience ne sera plus mienne
où l'espoir fragile aura été balayé,
toute sa douceur disparue,
quand le vent m'aura dispersée
et que mon regard se sera écarté du chemin - Ô !
Si alors aucune porte ne s'ouvre à moi, pas une seule,
je saurai avec certitude que c'est le moment
où tu reviendras.