L'abbé de Chaulieu (1639-1720) et le marquis de La Fare
(1644-1712), poètes mondains unis par les liens d'une
solide amitié, fréquentèrent les cercles de la duchesse de
Bouillon, des Vendôme et des Condé, dont ils animèrent
les agréables soupers et les splendides divertissements. Au
Temple comme à Anet, à Saint-Maur et à Sceaux, ils firent
résonner la célébration du plaisir et de la liberté. Leurs
poésies, qu'inspirent Anacréon et Épicure, s'affranchissent
avec audace des normes esthétiques du Grand Siècle.
Rassemblées ici pour la première fois en si grand nombre,
elles laissent entendre des accents libertins à la fois
savoureux et spontanés qui s'éloignent de la rigueur et
de la rigidité auxquelles la fin du règne louis-quatorzien
est le plus souvent associée.