Ce dossier invite à penser la radicalisation en dehors du paradigme sécuritaire et des études sur le terrorisme. Dans un domaine où les médias et les « experts », parfois autoproclamés, sont omniprésents, il revient aux sciences sociales de s’interroger non seulement sur l’adéquation de cette terminologie avec les phénomènes sociaux et politiques qu’elle cherche à saisir, mais aussi sur sa genèse et ses usages concrets. Prenant appui sur des études de cas au Tchad, au Niger, au Kenya et en Somalie, ce dossier interroge ainsi les présupposés et les implications de l’approche en termes de radicalisation sur l’action publique, la participation politique et la vie religieuse et sociale. Comment la radicalisation religieuse, réelle ou perçue, touche-t-elle la vie politique, les rapports sociaux, et les modes de gouvernance dans le contexte de la « guerre mondiale contre le terrorisme » et des projets de dé-radicalisation ? Comment peut-on échapper à la « surinterprétation religieuse » des phénomènes politiques sans négliger la justification religieuse des violences ?